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"Le but de la lutte contre l’insécurité routière n'est pas de sanctionner les automobilistes": Ma réponse à la pétition de la Ligue des conducteurs. - 14 avril 2016

La Ligue des conducteurs m'a envoyé le courriel suivant, qui me concerne directement puisque, métier oblige, je conduis plus de 35 000 km par an! :

 

"Madame la députée,

En 2012, les Français se sont massivement opposés au retrait des panneaux avertissant de la présence des radars.

Or, en multipliant de manière exponentielle les radars "invisibles" (mobiles embarqués, radars leurres, drones… ), le gouvernement va délibérément à l'encontre de cette forte opposition des Français, en faisant du radar invisible la norme, et du radar signalé l'exception.

Depuis de nombreuses années déjà, notre association de conducteurs responsables a démontré l'inutilité des radars en matière de lutte contre la mortalité routière. Ainsi, la baisse de la mortalité routière était même plus importante avant l'implantation des premiers radars, avec une diminution de 346 morts par an en moyenne de 1991 à 2003, contre 222 en moyenne de 2003 à 2015.

En outre, notre étude, réalisée par un expert sollicité par les institutions gouvernementales elles-mêmes, et que la Ligue de Défense des Conducteurs tient à votre disposition, montre qu'il n'existe aucun lien avéré entre vitesse et mortalité.

Ce coûteux déferlement de nouveaux radars – dans un contexte où la lutte contre les menaces extérieures pesant sur les Français devrait être une priorité absolue - aura pour seule conséquence de faire exploser le nombre de PV  - qui s'élevait déjà à 12 millions l'an dernier - multipliant ainsi les pertes de points et de permis. Les premiers touchés seront une nouvelle fois les professionnels dont la voiture est un outil de travail primordial : des milliers d'infirmières, artisans, commerciaux…risquent ainsi d'être condamnés à cesser leur activité, suite à une accumulation de petits dépassements sans danger.

C'est pourquoi, électeur de votre circonscription, je vous demande solennellement aujourd'hui, de bien vouloir faire connaître votre position concernant les dérives de la répression routière, et tout particulièrement la généralisation de ces "radars invisibles", auprès de la Ligue de Défense des Conducteurs, premier regroupement français de conducteurs responsables, pas moins de 42 % d'entre eux, la position des candidats en matière de sécurité routière influençait leur vote lors d'une élection, soyez assuré que la Ligue de Défense des Conducteurs et l'ensemble de ses membres se montreront particulièrement attentifs à votre réponse"

 

Voici ma réponse:

 

Madame, Monsieur,

 

Votre courriel-pétition concernant la mise en place de « radars invisibles » m’est bien parvenu, et c’est avec intérêt que j’en ai pris connaissance.

La sécurité routière doit être une priorité pour chacun, et l’on ne peut que se réjouir des résultats obtenus grâce à la politique volontariste menée par les Présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, faisant baisser la mortalité de 9000 morts en 1994 à 3600 en 2012. Les progrès considérables observés en matière de sécurité routière n’ont pu être obtenus qu’en agissant sur les multiples facteurs d’un accident : les infrastructures (conception et entretien des routes), les véhicules (sécurité passive et active), et les comportements des usagers (formation, communication, respect des règles). 

Or, après une nouvelle baisse en 2013 (3200), ce chiffre est reparti à la hausse depuis deux ans, raison pour laquelle le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures en octobre 2015.

 

Afin qu’une politique porte ses fruits, il convient de trouver la voie la plus juste pour parvenir à réprimer les comportements réellement dangereux, tout en respectant la liberté des conducteurs. Les mesures seront d'autant mieux comprises et acceptées si les conducteurs en comprennent l'utilité et l'efficacité. On ne peut que constater la faillite totale de la politique actuelle du Gouvernement en matière de sécurité routière puisque les automobilistes vivent désormais toute sanction comme une profonde injustice.

 

S’agissant en particulier des radars, ils ne sauraient être considérés ni comme unique facteur d’amélioration de la sécurité routière, ni comme seuls responsables des hausses conjoncturelles de mortalité routière. Les récents tristes chiffres d’augmentation de la mortalité routière ne sauraient donc être imputés à la seule inefficacité supposée des radars, visibles ou non. Sachez-le également, la mise en place des radars de tous types étant de compétence réglementaire, et non législative,  les députés ne sont associés en rien aux décisions de l’exécutif  en la matière, et n’ont aucune prise sur cette mesure. 

 

Cinquante pourcent des décès sur la route sont dus à des conduites en situation d’ébriété ou liés à la consommation de drogue. Aucun radar ne détecte ça !

Il me semble donc primordial que la lutte contre l’insécurité routière soit juste et équilibrée. C’est en ce sens que j’ai œuvré lors de la précédente législature, alors que je me trouvais encore dans la majorité législative. En mai 2012, le Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) avait proposé plusieurs mesures. Plusieurs d'entre elles firent l'objet d'une levée de bouclier de certains députés UMP, auxquels je me suis associée, comme par exemple le retrait systématique des panneaux signalant la présence de radars fixes, ou l'interdiction d'avertisseurs communautaires de type « COYOTE ».

 

En outre, la précédente majorité avait pris conscience que le but de la lutte contre l’insécurité routière n'était pas de sanctionner les automobilistes, mais bien de s'assurer de la sécurité de tous sur la route. D'ailleurs, les mesures prises allaient dans le sens des automobilistes responsables puisque lors du vote la loi dite « LOPPSI 2 » (Loi du 14 mars 2011 d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure), nous avons décidé d’assouplir le système de récupération du permis à points pour les petites infractions, et dans le même temps de sanctionner plus lourdement les comportements les plus dangereux.

 

Comme vous le voyez, j’ai toujours été attentive à ce qu’une juste proportionnalité des sanctions soit appliquée, parce qu’elle conditionne la réussite d’une politique publique.

Néanmoins, je ne peux me résigner à l’idée d’avoir plus de 3000 morts sur nos routes de France, car ce sont autant de vies fauchées trop tôt, autant de familles endeuillées et d’histoire qui ne s’écriront jamais. Il m’apparaît essentiel notamment de travailler encore davantage sur l’éducation dès le plus jeune âge,  la responsabilité collective, et sur les raisons pour lesquelles les accidents graves impliquent davantage les hommes que les femmes[1].

 

[1] http://www.securite-routiere.gouv.fr/medias/les-chiffres-de-la-route/les-hommes-et-les-femmes-sur-la-route

 

Commentaire lecteurs:

 

ACasalis:"Je suis effaré que des personnes puissent demander qu'on renonce aux moyens de limiter le nombre d'accidents sur la route. Conducteur comme la plupart d'entre nous, je ne peux que déplorer de constater régulièrement une aggravation de la façon de conduire de certaines personnes. La route de Nogent le Rotrou à Dreux illustre bien le cas : on y voit de plus en plus fréquemment des voitures doubler en excès de vitesse, à 110 km/H quand ce n'est pas 120 ou 130. Ce sont les mêmes qui mordent les lignes blanches (ou pire  les ignorent, cas à nouveau de plus en plus fréquents), roulent avec des voitures sans feu ou des feux borgnes, et téléphonent au volant ! Il n'est pas de semaine où je regrette l'absence de radar pour réprimer ces chauffards dangereux. L'excès de vitesse traduit l'absence de civisme et le mépris des autres. La répression est devenue quasi inexistante en raison du laxisme des pouvoirs publics actuels et je ne vois pratiquement plus de gendarme pour nous protéger. Nous avons droit à la sécurité routière. Demander de supprimer les contrôles radars relève d'une démarche individualiste et de conducteurs forcément fautifs. Les bons conducteurs ne formulent pas de telles demandes : ils respectent le code de la route !"

 

 

1 Commentaire

Thierry
27/12/2016 11:20

"Les bons conducteurs ne formulent pas de telles demandes : ils respectent le code de la route !" J'en connais aucun même avec la meilleur volonté du monde ;-)... Le moi je et comme tout le monde !

La répression sur la vitesse ne servira plus à rien pour plusieurs raison Hormis remplir les caisses de l'état ou/et privée!

Je fait 45 milles km par an ! Et croyais moi rien est fait pour éviter les morts...

je pourrai vous cité 1000 raisons ! Mais le moi je certainement pas et pour la simple raison, l'erreur et humaine!

Nous faisons tous des infractions à un moment donné et ceci pour plusieurs raisons volontaires ou non.

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