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François Hollande a-t-il conscience que la révolution du numérique dépasse de très loin le seul secteur culturel ? - 13 février 2012

J'ai publié cette tribune dans "Atlantico" le 11 Février 2012:

 

François Hollande a retouché cette semaine son programme numérique pour en retirer toute mention à une quelconque licence globale. Mais au-delà de ces hésitations, le candidat socialiste oublie dans son programme tout ce qui concerne l'aspect économique et entrepreneurial de la filière web.

 

François Hollande peine – et cela commence à devenir criant – sur l’impact de la révolution numérique dans la société. C’est normal : il n’a jamais beaucoup réfléchi à ses sujets. Pire, il ne semble même pas s’y intéresser. Ce qui est inquiétant pour un candidat à l’élection suprême car le numérique redessine sans cesse notre quotidien.

 

Je suis stupéfaite par le programme du candidat socialiste : pas une proposition concrète, ni même une seule ligne sur le numérique en dehors de son lien avec la culture et d’une mention sur le déploiement du Très Haut Débit.

 

Alors que le numérique représente cet enjeu de croissance et d’avenir pour la France, cet enjeu de liberté d’expression, avec un impact direct sur la société et sur la vie de chaque Français, François Hollande l’a oublié ! Il n’en parle que pour entretenir des bonnes relations avec les artistes, qui traditionnellement votent plutôt à gauche. Et encore, les maigres propositions sur la culture changent chaque jour !

 

D’abord, il a hésité sur HADOPI. Maintenant il hésite sur le financement de la culture. Dans une première version de son programme, François Hollande proposait de faire payer deux fois les internautes pour accéder à la culture : sous forme d’une taxe et sous forme d’un paiement à l’usage de l’offre légale. Dans la deuxième version sortie la semaine dernière, on peut s’apercevoir que la taxe sur les internautes a finalement disparu !

 

Je souhaite bonne chance aux internautes et aux ayants-droits pour y voir clair dans la ligne politique de François Hollande. Il l’appelle pompeusement l’acte 2 de l’exception culturelle, sans savoir ce qu’il souhaite faire.

A croire que pour François Hollande, les usages du numérique ne se résumeraient qu’à la culture. Compétitivité des filières numériques, efficience des entreprises par l’utilisation accrue du numérique, e-éducation, e-santé, télétravail, open data et e-démocratie sont les grands oubliés du candidat socialiste !

 

Ce sont pourtant des enjeux majeurs pour la campagne présidentielle de 2012 ! Doit-on vraiment rappeler à François Hollande que ces innovations, à base d’outils et de logiciels numériques, sont créatrices d’emplois dans de nombreux domaines, sont le moteur de la croissance française et – cerise sur le gâteau – permettent de répondre à des enjeux de société, non les moindres :

 

  • Compétitivité des entreprises par une meilleure utilisation des outils numériques.
  • Démocratisation de l’accès au savoir.
  • Amélioration des résultats scolaires par une refonte des méthodes d’enseignement, et par une personnalisation plus fine de l’enseignement selon les élèves.
  • Amélioration de l’accès aux soins et aux spécialistes médicaux par la télé-médicine,
  • Accompagnement des personnes âgées dans les situations de maintien à domicile (lien avec la famille, une aide soignante, surveillance à distance, ) en complément avec un service à domicile tel que le portage des repas,
  • Établissement d’une relation de proximité entre les élus, les institutions, le gouvernement et la population : le numérique ouvre les portes et les fenêtres de l’ensemble des institutions par la mise à disposition des données publiques et par le développement de communication.

Sous l’impulsion du président de la République, de nombreux chantiers ont été engagés dans le domaine du numérique.

Seul un fut largement médiatisé, souvent caricaturé malgré sa légitimité, la défense des droits d’auteur à l’ère du numérique avec Hadopi.

C’est passer sous silence que la majorité présidentielle a été active sur de nombreux autres sujets favorisant le développement du numérique en France, avec par exemple les actions du plan stratégique numérique 2012 et 2020, l’accès de toute la population à la télévision numérique, les Investissements d’avenir dont 4,25 milliards sont consacrés au numérique, le projet national du très haut débit, le financement de tableaux numériques dans les écoles rurales, le soutien à la recherche et de l’innovation avec le renforcement du Crédit Impôt Recherche mais aussi avec la réforme des universités qui permet le rapprochement du monde de l’entreprise et celui de la recherche universitaire… Et j’en oublie !

 

C'est parce que Nicolas Sarkozy a compris qu’il s’agissait d’enjeux économiques et sociétaux vitaux qu’il s’est emparé de ces sujets du numérique et que la France a pu poser les bases de son entrée dans cette nouvelle ère.


Jamais en France, on avait vu une telle volonté de briser le mur séparant les politiques des acteurs du numérique. Jamais en France, on avait eu le courage de porter ce sujet dans les négociations internationales avec l’inscription des enjeux du numérique dans l’agenda du G8 de Deauville en mai 2011.

 

L’ambition du Président de la République et de la majorité est clairement de faire de la France une référence mondiale dans ce secteur, porteur de croissance, d’innovations et d’emplois.

Sur le numérique, comme sur tous les autres sujets d'ailleurs, François Hollande est resté à l’ère du gouvernement Jospin !


 

3 Commentaires

Véro
14/02/2012 14:07

Bonjour,

Les différents discours de Nicolas Sarkozy à propos du numérique ont montré qu'il n'était pas tout à fait maître du sujet non plus…
La qualité de votre travail est reconnue, mais sincèrement, arrivez-vous toujours à mobiliser les autres députés ou élus de l'UMP comme vous le souhaiteriez autour des enjeux du numérique ?

Certains sujets sont techniques et les discussions autour du THD et licences 4G par exemple, ressemblent à des débats d'experts. Le CNN, l'e-G8 sont des acronymes qui n'évoquent pas grand'chose au grand public car les utilisateurs / consommateurs sont exclus des discussions.
Le ministère communique beaucoup sur les nombreux appels à projet qui concernent les problématiques du e-travail, open data, développement de l'usage du numérique dans les entreprises et collectivités ; cela mobilise les professionnels du numérique. Mais les français ne sont pas tous des entrepreneurs.
Quant à l'e-démocratie, elle sera vraiment valable quand les élus seront formés à la connaissance et l'utilisation des outils, ce qui n'est pas vraiment le cas actuellement.

Bref, d'une manière générale, la fracture numérique existe bel et bien à tous les niveaux (technique, cognitif) ; en retour, les notions les plus immédiates sont mises en avant (consommation, culture par exemple). Et en période de campagne, les candidats veulent envoyer des arguments qui accrochent, d'un côté comme de l'autre, non ?

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