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Intervention à la cérémonie de remise de la médaille de « Juste parmi les nations » - 06 novembre 2018

Dimanche dernier, j’ai assisté pour la première fois à une cérémonie de remise de la médaille de « Juste parmi les nations », plus haute distinction civile de l’Etat d’Israël, décernée aux personnes ayant aidé – souvent au péril de leur vie – les Juifs pendant la seconde guerre mondiale.

 

Le comité « Yad Vashem », installé par le parlement israélien en 1953, pour assurer la mémoire des 6 millions de victimes, a aussi voulu que tous ceux qui ont aidé les Juifs à échapper à la barbarie nazie pendant la guerre, soient reconnus et que leur nom figure à côté des victimes.

 

Chaque année, des Français sont ainsi distingués officiellement par l’Etat d’Israël comme étant des « Justes pour la nation », pour reconnaître leur courage et leur humanité. A ce jour, plus de 4000 Français ont ainsi été distingués. Et aujourd’hui, nous honorions, à titre posthume, Madame Gilberte Lallet, de Montigny-le-Chartif.

 

Voici mon discours à cette occasion :

 

Monsieur le Sous-préfet,

Monsieur le Consul d’Israël à Paris,

Monsieur le Président du conseil départemental, cher Claude,

Monsieur le Maire de Montigny le Chartif, cher Joël,

Monsieur le Vice-président du comité français de Yad Vashem,

Monsieur le Délégué régional du comité de Yad Vashem,

Mesdames et Messieurs les Maires, les Adjoints et Conseillers municipaux,

Mesdames et Messieurs,

 

« Quiconque sauve une vie sauve l’univers entier »

 

Cette phrase issue du Talmud est celle choisie par le comité Yad Vashem pour être inscrite au dos de la médaille de Justes parmi les nations, afin que soit gravé pour toujours la reconnaissance envers ces familles de tous pays qui ont caché des Juifs pendant la seconde guerre mondiale.

 

C’était un acte de résistance, et c’était un acte d’humanité pour éviter la déportation dans des camps de la mort, de ces hommes, femmes et enfants, du seul fait qu’ils étaient Juifs. Vous l’avez tous rappelé et je voudrais à mon tour, rendre hommages à Madame Gilberte Lallet, qui a accueilli et caché chez elle pendant la guerre, Christiane, Isaac et Alain Voda, ainsi que Jacques et Simon Kreuzic.

 

Sa fille, Madame Monrose ici présente, peut être fière de l’action de sa mère. C’est un chemin exigeant, mais bien droit, qu’elle vous a tracé en matière d’éducation.

 

Car l’hommage rendu aux « Justes parmi les Nations » revêt une signification éducative : les Justes prouvent que, même dans des situations d’intense pression physique et psychologique, dans un climat à l’époque de propagande anti-juive, la Résistance est possible et que l’on peut s’opposer au mal, dans un cadre collectif ou à titre individuel.

 

Monsieur le Maire, votre cérémonie nous permet aussi, au vu de l’actualité, de nous rappeler que la haine raciale, celle qui sous-tendait la barbarie nazie, existe toujours et que la paix entre les peuples, quelque soit leur religion ou leur race, est un bien très fragile, qu’il faut entretenir, sans aucune faiblesse devant les actes ou propos racistes, et aujourd’hui devant les actes ou propos d’intégrisme islamiste. Ne rien oublier. Ne rien laisser passer.

 

La haine antisémite tue toujours, que ce soit au Moyen-Orient ou à Pittsburgh la semaine dernière, ou en France encore cette année, avec l’assassinat de Mireille Knoll à 85 ans à Paris. Mais la haine raciale renvoie avant tout à des faits quotidiens en France que nous connaissons tous, et que, pourtant, nous constatons tous, encore et toujours, dans notre pays.

 

Ce sont toutes ces violences du quotidien, physiques ou morales, qui s’accumulent, qui se banalisent, et qui saisissent une partie des Français d’un sentiment d’abandon voire de désespoir, qui les font parfois quitter notre pays. C’était, le 20 septembre dernier, ces inscriptions antisémites sur une porte d’immeuble, en plein dix-huitième arrondissement de Paris, rue Ordener. C’était, le 12 octobre dernier, la haine qui s’affichait au sein même de l’école d’HEC à Jouy-en-Josas. C’était, le 20 octobre dernier, la plainte déposée par une étudiante de la faculté Paris XIII, harcelée par un groupe d’élèves parce qu’elle est Juive. C’était le 22 octobre, un tag sur les murs de l’école Jeannine Manuel du quinzième arrondissement de Paris.

 

Les cérémonies comme celle d’aujourd’hui permettent de prendre du recul, de regarder combien l’homme peut aussi être bon et courageux, et ouvert aux autres, de prendre conscience comment des inconnus deviennent, par leurs actes de résistance et d’humanité face à la haine, des héros. Merci de nous le rappeler. Merci aussi pour la solennité de cette cérémonie qui nous a permis de nous recueillir collectivement et de nous faire réfléchir au monde que nous voulons construire : un monde de paix entre les Hommes.

 

Je vous remercie.

 

  

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