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Une Sainte Barbe 2021 particulière - 04 décembre 2020

Cette année la célébration de la Sainte-Barbe se déroule dans un contexte très particulier, au moment où la France traverse une crise sanitaire inédite et d’une intensité qui met à l’épreuve nos sociétés et nos organisations. Nous affrontons ensemble une crise dont les conséquences dépassent largement la sphère sanitaire : elles sont économiques, sociales et finalement sociétales.

 

Cette crise est inédite également par sa durée exceptionnellement longue et nécessite que nous demeurions pleinement mobilisés.

 

Mobilisés, les sapeurs-pompiers l’ont été dès l’émergence de cette crise. Vous avez été en première ligne pour assister et secourir les Français.

 

Cette crise, vous en connaissez l’intensité, la durée, la violence parfois. Vous savez quels effets elle a eu sur la vie de millions de nos compatriotes. Vous le savez car vous tous, sapeurs-pompiers et forces de la Sécurité civile, avez été en première ligne, parmi ces intervenants qui n’ont compté ni leur engagement ni les risques pris.

 

A chaque étape de cette crise, vous répondez présents, depuis 11 mois et dès les premiers instants (je pense au rapatriement et à l’accueil des ressortissants français de Wuhan dans des centres d’hébergement et en particulier au sein de l’Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers), tout en garantissant la continuité du service public des secours du quotidien, sans qu’aucune rupture opérationnelle n’ait jamais été observée.

 

Les services d’incendie et de secours ont assuré plus de 130 000 interventions liées à la Covid, parfois pour des missions sortant de leur champ opérationnel  (engagement auprès des ARS et des hôpitaux, campagnes de transferts sanitaires, interventions dans les EHPAD, campagnes de tests dans les aéroports et les ports…).

 

Partout sur le territoire hexagonal et dans les Outre-mer, vous avez été souvent cette première main tendue vers les populations ; l’expression de la solidarité nationale que l’Etat avec les collectivités locales déploie chaque fois qu’une épreuve frappe le pays.

 

Cette mission, difficile et exigeante, vous l’avez accomplie chaque jour avec le même courage et la même détermination.

Je tenais à être avec vous aujourd’hui car c’est pour moi l’occasion de vous dire, au nom de toute la population, remerciements, reconnaissance et gratitude.

 

Je ne le dirai jamais assez, mais le maillage territorial de l’Etat, sa présence au plus près des populations, le rôle majeur des préfets de départements, avec les élus locaux, ont constitué une force pour affronter cette crise.

 

L’organisation de cette cérémonie nous rappelle d’ailleurs que nous devons restés mobilisés avec les précautions qui s’imposent.

 

Les sapeurs-pompiers sont aussi en première ligne face à tous les autres risques. Le passage de la tempête Alex dans le Morbihan et les Alpes-Maritimes et les intempéries qui ont touché le Gard illustrent dramatiquement ces dangers et l’engagement sans faille des sapeurs-pompiers et plus largement de tous les acteurs de la sécurité civile. Sans votre détermination, sans votre professionnalisme nous aurions eu à déplorer un bilan plus lourd qu’il ne l’est déjà.

 

J’ai en cette instant une pensée émue pour 10 sapeurs-pompiers morts au feu ou en service depuis le début de l’année, rappelant à chaque instant l’exigence de la mission.

 

Nous nous inclinons devant leur mémoire et saluons à travers eux cet engagement qui est notre référence et notre fierté.

 

Nous ne saurions oublier vos camarades blessés, dont certains conserveront des séquelles de leur engagement au service des autres.

 

Je souhaite vous dire à nouveau ma reconnaissance et vous exprimer la gratitude de millions de Français

 

Mais ces mots de reconnaissance et de gratitude nous obligent aussi. Car la Sécurité civile doit se tourner vers l’avenir et doit continuer de se projeter dans des réformes qui se concrétisent et dont le cap est solidement maintenu.

 

Les efforts doivent porter sur l’amélioration de vos conditions d’intervention par une meilleure formation et la réduction de la pression opérationnelle, mais également en vous protégeant des risques d’agressions dont vous pouvez être victimes, et dont chaque acte est une atteinte à la République. Il faut aussi penser à l’avenir de votre profession, notamment à la pérennisation de notre modèle de sécurité civile et au volontariat, atout inestimable de notre modèle français de secours aux populations.

 

Ces objectifs se traduisent par la réalisation des grands chantiers, pour lesquels des avancées significatives ont été enregistrées et sur lesquels je voudrais dire quelques mots :

 

  • Agir sur le secours d’urgence aux personnes (SUAP) pour redonner aux sapeurs-pompiers la maitrise de leurs moyens

Désormais, l’activité principale des sapeurs-pompiers, c’est le secours d’urgence à personne, qui représente plus de quatre cinquièmes de vos interventions.

Le nombre de secours d’urgence aux personnes, ce que vous appelez le « SUAP », a connu une augmentation forte et constante de 2008 à 2018 à hauteur de 50 %. C’est considérable et cela a créé une pression opérationnelle indéniable.

En 2019, pour la première fois en 10 ans, le nombre de secours d’urgence aux personnes a baissé. Il s’agit d’un premier résultat mesurable de la démarche volontariste menée par le ministère de l’Intérieur avec les services d’incendie et de secours pour réduire la pression opérationnelle, redonner aux services d’incendie et de secours la maîtrise de leurs moyens, et redonner au métier de sapeur-pompier, son sens premier.

Il faut se féliciter que les mesures mises en œuvre donnent déjà ce premier résultat concret, chiffré.

Je veux aussi donner d’autres exemples concrets que cette démarche collégiale produit. Dans quelques mois le ministère de la santé et le ministère de l’intérieur demanderont aux préfets et aux ARS de mettre en œuvre une réforme de la garde ambulancière. Les concertations sont en cours avec les représentants des ambulanciers et les deux ministères visent à réduire le nombre de sollicitations des sapeurs-pompiers par le SAMU pour pallier la carence d’ambulanciers disponibles.

Dans le même esprit, les deux ministères vont publier prochainement un guide pour que les services d’incendie et de secours puissent temporiser ces transports ambulanciers au profit des missions de secours urgents que la loi leur assigne comme missions obligatoires et prioritaires.

Enfin, et je sais que c’est une attente forte de votre part, des discussions vont être initiées avec l’assurance maladie pour revaloriser le tarif de la carence ambulancière.

 

  • Défendre ce modèle, notamment au niveau européen

 

J’ai déjà eu l’occasion de l’exprimer et je souhaite le réaffirmer devant vous : il faut pérenniser notre modèle de sécurité civile, qui chaque jour montre sa capacité d’adaptation et de résilience face aux événements du quotidien, comme aux crises majeures.

 

Les sapeurs-pompiers volontaires sont des acteurs essentiels dans les rouages de la distribution des secours et permettent le maillage territorial actuel. C’est pourquoi je veux défendre ce volontariat, consolider ce modèle. Si l’arrêt MATZAK de la cour de justice de l’Union Européenne a pointé des fragilités juridiques, il ne remet pas en cause le modèle français du volontariat. Le dialogue entretenu avec la Commission européenne a permis à celle-ci de le confirmer formellement et de souligner que cette jurisprudence n’avait pas de portée générale mais impose une appréciation au cas par cas. Pour autant, au niveau national, le travail engagé doit se poursuivre afin d'écarter les points de fragilité qui pourraient subsister.

 

Je souhaite également que cet engagement volontaire soit mieux reconnu avec notamment la revalorisation de la nouvelle prestation de fidélisation et de reconnaissance (NPFR), qui pourrait se concrétiser dès 2021.

 

Face aux difficultés du volontariat, que ce soit pour recruter de nouveaux sapeurs-pompiers ou pour garder ceux qui sont déjà présents. En complément des initiatives portées, je tiens à souligner la campagne nationale de promotion du volontariat qui sera lancée en janvier 2021. En la matière nous devons sans relâche œuvrer collectivement à enrichir le vivier des sapeurs-pompiers volontaires, à le diversifier à l’image de notre société et à le fidéliser.

 

  • Mieux reconnaître l’engagement des sapeurs-pompiers

 

Au cours de cet été, le ministre de l’intérieur a signé le décret portant revalorisation de l’indemnité de feu. Ce faisant, il a donné une suite favorable à une revendication forte de la profession de sapeur-pompier professionnel. C’est l’un des signes de la reconnaissance, par l’Etat comme par les collectivités, de votre engagement au quotidien en faveur des populations. Je suis fier que nous ayons pu aboutir sur ce dossier.

 

Je mesure l’effort que représente pour les collectivités cette évolution du régime indemnitaire mais cette revalorisation, 30 ans après la dernière, est nécessaire. Elle est la juste reconnaissance de votre action, de l'évolution de vos missions et de leurs contraintes. Paragraphe sur décorations / pupilles

  • Pour s’assurer d’une performance mise au service de la protection des Français, il faut aussi mieux s’appuyer sur les technologies pour renforcer l’efficacité de votre mission

 

Pour faciliter votre mission et rendre la mobilisation des secours encore plus réactive (car chaque minute, chaque seconde compte), nous devons nous appuyer sur des outils innovants, mis au service des secours. Je pense en premier lieu au nouveau système d’alerte des populations, fondées sur deux technologies complémentaires, le SMS géolocalisé et le cell broadcast, qui se déploiera progressivement sur tous les territoires de métropole et d’outre-mer dès l’année prochaine. Cet outil moderne permettra, en cas d’évènement majeur, de renforcer notre dispositif d’alerte et d’information de la population en temps réel.

 

Le déploiement du nouveau système d’accès aux soins, essentiel pour améliorer l’offre de soins aux populations dans tous les territoires, ne remettra pas en cause cette synergie entre les acteurs du secours, si essentielle à la sécurité des Français, et tout particulièrement les plateformes communes SAMU-SDIS d’ores et déjà déployées sur le territoire national.

 

  • Conforter le lien de proximité avec la population

 

La crise sanitaire a montré que la résilience de la population est une condition nécessaire au bon déploiement des mesures de gestion de crise.

 

Il faut davantage impliquer la population dans la politique de Sécurité civile par la diffusion d’une culture du risque : sensibiliser la population aux gestes de premiers secours, s’appuyer sur le Service National Universel, un vecteur pour toucher le public jeune, organiser des exercices nationaux, à l’image de la Journée dite Japonaise permettant à chacun de consacrer un temps dédié à se former au secours. La population est en effet l’acteur majeur de sa propre sécurité.

 

  • Apporter aux crises qui surviennent une réponse adaptée et des moyens calibrés

 

Cette réponse adaptée passe par la mise en place, dans chaque département, d’un pacte capacitaire. Ce travail, piloté par les préfets et en lien étroit avec les élus locaux, doit permettre d’offrir aux services d’incendie et de secours une visibilité pluriannuelle supplémentaire sur leurs investissements et leur budget. Il est en effet indispensable que nous nous assurions que tous les risques et tous les territoires soient parfaitement couverts.

 

Dans le même esprit, nous avons engagé un ambitieux plan de renouvellement et de modernisation de nos flottes aériennes avec l’entrée en service progressive des Dash - 4 aujourd’hui, 8 en 2023 - et l’achat de deux nouveaux hélicoptères dans le cadre du plan de relance. Nous devons consolider nos moyens nationaux de secours, et répondre à l’exigence qui s’impose à nous tous de donner à tous les acteurs de la sécurité civile les moyens de leurs missions.

 

 

En cette année si particulière, je tenais à vous redire mon engagement à vos côtés et vous rendre un hommage appuyé. Car être sapeur-pompier aujourd’hui c’est :

  • D’abord un engagement: l’engagement de porter secours, en très peu de temps et partout sur le territoire, à tous les Français, victimes d’accidents du quotidien ou d’événements naturels exceptionnels ;

 

  • Ce sont des valeurs: des valeurs humaines indissociables de votre mission (l’écoute, la solidarité, le goût des autres) et des valeurs républicaines car l’uniforme que vous portez incarne la pérennité et la continuité d’un service public de proximité, certainement celui auquel les Français sont le plus attachés ;

 

  • C’est aussi une excellence: l’excellence de la formation que vous recevez et qui fait de vous des professionnels de très haut niveau, capables de vous mobiliser dans l’urgence, mais toujours avec la sérénité de ceux qui ont le geste sûr et les réflexes maîtrisés ;

 

  • C’est enfin une exigence: l’exigence d’accomplir votre mission avec responsabilité et sang-froid car vous en connaissez les dangers et vous savez que des vies dépendent de votre intervention, souvent votre vie et celle de vos camarades.

 

Les Français sont attachés à ce service public de proximité. Lorsqu’une urgence survient, ils ont le réflexe de vous appeler à l’aide : chaque année, face aux flammes qui menacent leur vie et leurs biens, vous êtes les Soldats du feu ; à chaque catastrophe naturelle ou lors de la crise sanitaire, vous êtes les Soldats de la crise ; à chaque instant de la vie, par votre écoute et votre bienveillance, vous êtes les protecteurs du quotidien.

 

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