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Vaccination contre les papillomavirus : un combat pédagogique et culturel à relever - 17 janvier 2020

Voici un billet que j'avais rédigé en janvier et que je n'avais pas mis en ligne plutôt.

Il prend une certaine actualité : avec l'épidémie de Coronavirus en cours, on mesure bien l'intérêt des vaccins !

A chaque fois que je défends la vaccination, qui est faite pour se protéger MAIS AUSSI pour protéger les autres, en évitant les épidémies, je reçois des mails très agressifs des personnes opposées à la vaccination, et qui parfois, me traite de "député acheté par les lobbys". 

 

Au printemps 2018, je tombe par hasard sur une interview du Dr Cécile Badoual, spécialiste française des papillomavirus (HPV). J’y apprends que les HPV ne causent pas seulement des cancers du col de l’utérus, mais également des cancers de la gorge, de l’anus, du pénis…Et que cela concerne aussi les garçons, qui en sont à la fois vecteurs et victimes.

Ces cancers touchent 6 000 nouvelles personnes par an en France et causent près de 1 200 décès ! Alors qu’il existe un vaccin efficace.

 

En fait, la vaccination n’est pas obligatoire et simplement – et étonnamment - recommandée uniquement pour les filles. Il n’est pas remboursé pour les garçons. Or, ces virus concernent toute personne ayant des rapports sexuels, protégés ou non.

 

D’autres pays, comme l’Australie, pratiquent depuis plusieurs années une vaccination gratuite, en milieu scolaire des pré-adolescents filles et garçons. Et les résultats sont spectaculaires : d’ici 20, l’Australie aura éradiqué le cancer du col de l’utérus !

En en parlant autour de moi, je me rends compte des réticences qui existent autour de ce vaccin, notamment liées à la méconnaissance du sujet, mais aussi aux difficultés pour certains médecins à parler de la sexualité future de leurs enfants aux parents, et de les sensibiliser au sujet du HPV. Je me rends aussi compte du travail méthodique de désinformation des lobbies anti-vaccination.

 

Mais les témoignages des personnes qui ont dû subir des conisations sur des lésions pré-cancéreuses, puis des fausses-couches ; ou bien qui ont eu à affronter un cancer du col de l’utérus, ou qui ont perdu des proches du fait de ce virus, m’ont vraiment touché. Ces sujets sont encore tabous dans notre société, et personne ne parle de la souffrance de ces femmes causée par le HPV. Si nous avons les moyens d’agir, pourquoi ne le faisons-nous pas ?

 

Alors pendant plusieurs semaines, je vais travailler sur effectuer un travail de fond sur l’intérêt que représente la vaccination contre les papillomavirus. Ingénieure de formation, il m’apparaît essentiel de fonder mon action législative sur la recherche scientifique. J’ai lu des avis, des rapports, rencontré des spécialistes du sujet… Le but est de m’assurer que les risques n’étaient pas plus importants que les bénéfices. C’est ainsi qu’est née la proposition de loi visant à rendre obligatoire la vaccination contre le HPV, pour les filles et les garçons et d’assurer la vaccination en milieu scolaire. Il fallait frapper fort, d’où ma volonté de le rendre obligatoire. J’ai également proposé des modifications législatives lors des examens des budgets de la sécurité sociale pour 2019 et 2020, rencontré le cabinet de la Ministre de la Santé, organisé des réunions d’information à l’Assemblée.

 

Les réactions des lobbies anti-vaccination ont été violentes. Mais ma démarche scientifique me conforte dans ma position. C’est bien l’intérêt général d’éradication de ces cancers qui ont guidé mon action ! Jusqu’à preuve du contraire, les vaccins ont été bénéfiques à l’humanité.

 

En dix-huit mois, les choses ont beaucoup avancé, grâce à la mobilisation de nombreux acteurs et la pression des parlementaires. La Haute Autorité de Santé a rendu le 16 décembre dernier un avis préconisant la vaccination des garçons ; mais également le remboursement intégral, tout en recommandant d’étudier la vaccination en milieu scolaire. Cet avis est un premier pas vers le remboursement du vaccin pour les garçons. Je continue à rester vigilante sur ce sujet car le combat pédagogique et culturel est loin d’être gagné !

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